Droit de l'enfant - le délégué général

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Bruxelles, capitale de l'Europe, et ses enfants qui dorment à la rue

02.06.2016 09:34 Il y a : 8 yrs

Bruxelles, capitale de l'Europe, et ses enfants qui dorment à la rue

Communiqué de presse du 2 juin 2016


Le 25 avril dernier, le dispositif d’accueil d’hiver prenait fin. Alors que la situation était prévisible et malgré les avertissements du Délégué général aux droits de l'enfant auprès des autorités concernées, une cinquantaine d’enfants et leurs parents se sont alors retrouvés à la rue. Il aura fallu, comme chaque année à la même époque, de longues négociations et de nombreuses interpellations des différents niveaux de pouvoir, pour permettre à ces familles de trouver un accueil provisoire organisé par le SAMU social.

 
Aujourd'hui, les autorités politiques ont pris la décision de ne pas prolonger cet accueil et de condamner ces enfants et leurs parents à retrouver la rue, son inconfort et ses dangers. Une décision qui va à l’encontre de l'esprit et de la lettre de la Convention internationale relative aux droits de l’enfant qui, prévoit en son article 3 que "dans toutes les décisions qui concernent les enfants (…) l’intérêt supérieur de l’enfant" doit être une considération primordiale. 

 

Il semble évidemment impossible que l'intérêt supérieur de ces enfants reste une considération primordiale alors qu'ils sont relégués à la rue dans Bruxelles.


Depuis plusieurs années, mon institution insiste pour qu'une solution structurelle soit trouvée à ce problème humain récurrent au coeur de la capitale de l'Europe. Sans succès à ce jour puisque nous passons de mesures temporaires à d'autres mesures provisoires au mépris de l'intérêt supérieur de ces enfants dont certains sont nés en Belgique.


Une Task Force qui devait mettre autour de la table toutes les autorités compétentes a pourtant été créée, il y a de cela plusieurs années déjà, sous la présidence du Ministre-Président de la Région de Bruxelles Capitale. Elle ne s’est réunie qu’une seule fois faute de moyens. Ces moyens semblent aujourd’hui disponibles (on évoque un chiffre avoisinant le million d’euros). Ce budget réparti entre les communes doit bénéficier soit à des publics fragilisés (réfugiés, sans-abri) soit à des publics oubliés (Roms ou gens du voyage).

 

Nous recommandons qu’une partie de ces moyens soit affectée en urgence à la prise en charge de ces familles avec de nombreux enfants afin d’assurer la continuité de l’hébergement et de l’assistance éducative qui, seules, permettront aux enfants de rompre avec le cercle de la pauvreté.  

 

Par ailleurs, aucune solution structurelle, que nous réclamons avec d’autres acteurs depuis de nombreuses années, ne pourra être trouvée sans implication de tous les niveaux de pouvoirs concernés, et en particulier du Secrétaire d’Etat à l’asile et la migration, puisqu’il s’agit essentiellement de familles migrantes européennes et extra-européennes.

 

En tout état de cause, cette situation n’est pas acceptable au regard des engagements internationaux et de la dignité des enfants. 

 

Bernard De Vos
Délégué général aux droits de l'enfant
Rue de Birmingham 66
1080 Bruxelles
02/223.36.99