Droit de l'enfant - le délégué général

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Communiqué de presse du 15 octobre 2019

15.10.2019 00:00 Il y a : 5 yrs

Communiqué de presse du 15 octobre 2019

Le Délégué général aux droits de l’enfant, Bernard De Vos, a convoqué, en urgence, ce lundi 14 octobre 2019, une réunion des acteurs (institutionnels, associatifs et familles) concernés par le rapatriement des enfants belges des camps syriens et irakiens tenus jusqu’à ce jour par les forces kurdes.


Ont notamment répondu à son appel, le professeur Gerrit Loots de la VUB, initiateur de la dernière mission belge en date dans les camps syriens et irakiens, Child Focus, le CAPREV (Centre d’Aide et de prise en charge des Personnes concernées par les Radicalismes et les Extrémismes Violents) ainsi que d’autres représentants de structures directement impliquées.

Lors de cette rencontre, plusieurs membres des familles qui ont pu entrer en contact avec certaines des mères sur place ont fait état de la dégradation rapide de la situation dans les camps où la distribution de vivres, d’eau potable et l’accompagnement médical ne sont désormais plus assurés.

D’autres témoignages font état de mouvements de troupes et du départ vers les zones de combats de la plupart des gardiens des camps qui s’en trouvent d’autant plus vulnérables avec leurs occupants dont on sait que le nombre dépasse largement les possibilités d’accueil théoriques.

«Nos filles veulent se rendre », rapportent les grands-mères en Belgique, « mais elles ne savent pas à qui ». « Les Kurdes sont très à cran ». « Nous avons besoin d’aide ».

Selon un parent, vingt-six enfants européens (dont plusieurs Belges) et leurs mères ont été déplacés à plusieurs reprises du camp de Ain Issa par des hommes armés qui prétendaient vouloir les protéger des hostilités toutes proches. Les témoins affirment pouvoir entendre les bombardements de l’intérieur des camps. Les contacts sont malheureusement de moins en moins fréquents, de plus en plus difficiles à établir, les mères ne savent pas si elles doivent rester ou prendre la fuite et, dans ce cas de figure, s’il faut qu’elles partent plutôt vers l’Irak ou plutôt vers la Turquie. La situation est particulièrement confuse, source d’angoisse et de stress pour tous en général et pour les enfants en particulier.

Lors de la réunion de ce lundi après-midi, il a aussi été rappelé que la décision de rapatrier les enfants belges des camps syriens et irakiens fait l’objet d’un accord au sein du gouvernement fédéral (toujours en place aujourd’hui, bien qu’en affaires courantes) depuis 2017 mais qu’elle n’a jamais été appliquée. Le Directeur de l’OCAM (Organe de coordination pour l’analyse de la menace), Paul Van Tigchelt et le Procureur fédéral, Frédéric Van Leeuw, s’accordent eux-aussi pour dire qu’il est souhaitable de rapatrier les enfants, leurs mères et même les combattants dans l’intérêt des citoyens belges et pour assurer leur sécurité. Une option jugée plus sûre car elle permet une prise en charge adaptée, dans des structures prévues à cet effet, avec des professionnels formés pour la cause, plutôt qu’un éparpillement dans la nature qui pourrait représenter une menace à moyen et long terme pour notre pays.

L’inaction et le silence du gouvernement fédéral, au-delà des questions juridiques et morales qu’ils posent, paraissent incompréhensibles compte-tenu des derniers développements sur le terrain syrien. Plusieurs voix se sont élevées pour réclamer des autorités qu’elles mettent en place un pont aérien humanitaire qui puisse assurer, d’abord, le rapatriement d’urgence des enfants et de leurs mères.

Les acteurs concernés sont convenus de se revoir et de se mobiliser ensemble dans les heures et les jours qui viennent pour maintenir la pression sur les autorités compétentes afin que des décisions concrètes soient prises sans délai supplémentaire dans ce dossier. Plusieurs rendez-vous sont fixés cette semaine qui donneront lieu à diverses actions pacifiques et symboliques.