Droit de l'enfant - le délégué général

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Les jeunes et la mobilité

Le rapport « Dans le vif du sujet" (.pdf)  sur les conséquences de la pauvreté sur les enfants, les jeunes et les familles en Communauté française publié en 2009, a permis de mettre en évidence certaines situations critiques en termes de mobilité. Parmi les recommandations énoncées et les constats des bénéficiaires d’une aide sociale interrogés on trouvait notamment :

* Le manque de mobilité est synonyme d’isolement social pour la plupart des populations précarisées. Sans mobilité, elles ne peuvent trouver un travail, elles doivent trouver des solutions pour pouvoir se rendre dans les services sociaux, ce qui demande de l’énergie, de la patience et…. de l’argent. La difficulté est d’autant plus criante en milieu rural puisqu’à certains endroits les transports en commun sont presque inexistants.

* Sans travail, sans moyens financiers suffisants, il est impossible de financer un permis de conduire, l’achat d’une voiture, l’entretien de celle-ci, voiture qui est pourtant la condition cachée pour trouver un travail, etc.

* Ce manque de mobilité entraîne une exclusion des familles précarisées d’un système d’intégration.

« Dans les petits villages de campagne, nous sommes complètement isolés. Il y a 5 bus par semaine… Nous devons régler nous-mêmes tous les problèmes de déplacements : il faut que les professionnels en tiennent compte et sachent reconnaître nos efforts. »

"Nous avons très peu accès aux services sociaux dans certains villages ou petites villes. »

Dans l’optique de poser des actes significatifs qui puissent faire progresser le débat sur cette question, le Délégué général aux droits de l’enfant a rejoint l’initiative du Bureau International Jeunesse (BIJ, http://www.lebij.be/)  et du Réseau wallon de lutte contre la Pauvreté d’organiser plusieurs séminaires sur le thème « Des jeunes qui bougent ! » sur base de plusieurs interrogations cruciales : la mobilité des jeunes peut-elle servir de levier pour l’intégration sociale ? La mobilité des jeunes est-elle un luxe ? Comment faire de la mobilité un facteur d’émancipation pour tous ?

Les séminaires, qui s’inscrivaient dans le cadre de la Présidence belge de l’Union européenne et de l’année européenne de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, se basaient sur un constat : les programmes et dispositifs en faveur de la mobilité sont peu adaptés aux jeunes en précarité, en situation sociale ou culturelle difficile. Pourtant, soutenir leur mise en projet s’avère cruciale dans la perspective de leur donner ou redonner une place de citoyen actif dans notre société. La rencontre européenne sur cette thématique s’est déroulée entre les 9 et 12 décembre 2010 à Namur et le Délégué général aux droits de l’enfant a pris une part active aux débats qui ont réuni des jeunes des 27 pays de l’Union avec un formateur, des professionnels des secteurs de la jeunesse et de la mobilité ainsi que des représentants de nombreuses institutions et organisations nationales et internationales.

Les différentes pistes de réflexion envisagées étaient :

- les mobilités jeunes, bouger et se mettre en projet ;
- découvrir un autre quartier, une autre ville, d’autres gens ;
- expérimenter une pratique, un métier, un milieu ;
- explorer un autre pays, une autre culture, parler une langue étrangère ;
- jeunes et mobilités, un luxe ? Bouger un droit pour tous les jeunes ;
- apprendre quelque chose d’important pour son futur ;
- comme fille, comme garçon, quitter la famille et les amis pour se découvrir ;
- améliorer son CV, ses chances d’emplois ;
- quelles politiques publiques pour soutenir les projets de mobilités jeunes ?

Une rencontre préparatoire, en forme de répétition générale de ce rendez-vous, dédiée plus particulièrement aux jeunes de Wallonie et de Bruxelles a été mise sur pied le 3 juin 2010 à Namur. L’objectif était d’évoquer les obstacles et les peurs qui empêchent de nombreux jeunes d’entrer dans une dynamique de mobilité locale ou internationale ; de partager les démarches, les idées, des pratiques d’animation ou d’éducation qui peuvent lever ces peurs et ces obstacles ; de repenser la manière dont on peut favoriser la confiance en soi, à travers des projets collectifs pour que les jeunes osent franchir les frontières ; de dialoguer avec des responsables de structures d’insertion socio-professionnelle, d’emploi ou de formation pour prendre en compte tous les problèmes de la vie quotidienne qui empêchent les jeunes de bouger.

Le Délégué général aux droits de l’enfant a pris une part active dans l’organisation des différentes rencontres et a participé, en tant que membre du panel, aux débats qui ont permis la rencontre d’associations, d’acteurs impliqués, des services publics pour repenser la mobilité en Communauté française de Belgique et formuler des recommandations à l’égard des partenaires sociaux et des responsables politiques tout en valorisant les bonnes pratiques.